Qu’est-ce que l’Hypersensibilité ?
On
l’appelle aussi hyperémotivité ou hyper susceptibilité. C’est une forme de
sensibilité accrue et qui amène les personnes à avoir des réactions
disproportionnées . Nous avons un petit garçon dans ce cas et nous avons été
très désarmés face à ces colères sans aucun fondement apparent. Nous avons mis
beaucoup trop de temps à mettre un nom sur ce comportement, à ne plus nous
culpabiliser de ne pas savoir s’occuper de lui, trop longtemps sans aide ni
soutien pour lui ou pour nous. Nous avons appris à communiquer en tâtonnant, de
nombreuses erreurs ont été faites mais nous y sommes arrivés. Nous n’avons pas
de méthode miracle face à un enfant qui se braque et fait des colères
destructrices au moindre accroc, mais nous pouvons donner un semblant
d’explication et montrer que de tels comportements existent et ne proviennent
pas forcément d’une mauvaise éducation de la part des parents ou d’un mauvais
fond de l’enfant.
Ce
dossier a été monté grâce à ceux déjà constitués par l’émission « Ca se
discute » sur le site http://www.casediscute.com , sur le site http://www.cnrs.fr/cw/fr/pres/compress/neuro/troubles.html
, sur le site http://www.phobies-zéro.qc.ca/voletinfo/caractéristiques.html et sur le site http://psychodoc.free.fr/tp9.htm
DEFINITIONS :
Emotion
Trouble
subit, agitation passagère provoquée par un sentiment vif de surprise, de peur,
de joie, de peine….
Emotivité
Disposition
à ressentir des émotions
Sensibilité
Aptitude
à s’émouvoir, à éprouver de la compassion, de la tendresse, un sentiment
esthétique.
Hyperémotivité
Disposition
à réagir de façon excessive aux évènements dans le domaine émotionnel.
L’Hyperémotivité
Une
personne hyperémotive ressent avec beaucoup d’intensité chaque changement de
situation. La moindre excitation provoque chez elle des réactions émotives
(joie, colère, tristesse) et corporelles (coliques, rougeur, transpiration
abondante…). Ces réactions sont hors normes en proportion avec l’événement. Cet
état paraît bel et bien lié à la constitution. Mais il n’est pas exclusivement
d’origine génétique. Il peut apparaître, lorsque le terrain le permet, suite à
un choc affectif important.
(source :
Georges-Henri Arenstein, psychologue. Site Internet )
AVIS D’UN SPECIALISTE
Frédéric
Kochman est pédopsychiatre au CHU de Lille. Il est un spécialiste en France de
l’étude des émotions sur les enfants. Il travaille avec le centre mondial de
l’humeur en Californie. Voici un extrait de son intervention dans « Ca se
discute ».
Qu’est-ce
qu’une émotion ?
Pour
moi, une émotion, c’est la façon de gérer un événement au plus profond de sa
personnalité. On pense en général que ce sont les évènements qui provoquent nos
émotions mais c’est une idée fausse. Un même événement peut être perçu de
manière très différente en fonction de notre façon très singulière de gérer nos
émotions.
Sommes-nous
tous égaux face à nos émotions ?
Nous
ne naissons pas avec la même émotivité et c’est une découverte très récente.
Une expérience a été réalisée sur deux souris de 1 jour. On les a soumises au
même stress : les retirer brutalement de leur mère. On a mesuré leur taux
d’adrénaline, l’une avait 2 , l’autre 10. depuis 4 ans , je travaille avec une
équipe de psychiatres et de neurologues du Centre mondial de l’humeur à La Joya
en Californie tenu par le professeur Akistal. Ce scientifique est à l’origine
des découvertes génétiques sur la gestion des émotions. Il a prouvé qu’il existe des gènes qui
rendent hypersensibles. On a des études qui seront publiées cette année pour
repérer qu’on peut repérer très tôt l’hyperémotivité d’un nourrisson. Des tests
ont été effectués sur des bébés de 1 jour. Pour évaluer leur émotivité, on leur
a mis une tétine équipée de capteurs. On leur a montré 5 photos de maman , dont
la leur. Quand la photo de leur maman leur est présentée, ils tètent plus. Les
bébés hyperémotifs tètent beaucoup plus que les autres. D’autres expériences
ont été réalisées sur des nourrissons de 9 mois. On leur donne leur jouet et on
leur retire brutalement. Beaucoup vont réagir en hurlant, la plupart vont
passer à autre chose, et les hypersensibles vont pousser des hurlements pendant
plus de 10 minutes. Nous nous sommes rendus compte de l’importance des émotions
dans le cadre des traitements d’enfants dépressifs. Je leur trouvais des points
communs, ils étaient tous hypersensibles.
Qu’est
ce qui caractérise un hyperémotif ?
Les
hyperémotifs sont des trous noirs d’amour. Ils ont besoin d’attirer tout
l’amour qu’ils peuvent , ils accaparent, ils monopolisent et ce besoin est
insupportable pour l’entourage. L’hyperémotif vit dans le paradoxe. D’un côté
il a besoin d’être terriblement aimé mais il arrive à l’opposé de ce qu’il veut
car il finit par être rejeté. Ce point est alarmant car il risque le rejet
social, l’échec scolaire ou professionnel. Pourtant ce sont des gens
généralement plus intelligents, très curieux ; ils développent leur
cerveau beaucoup plus vite que les autres. On sait aujourd’hui que
l’hyperémotivité se traduit par un tempérament explosif. C’est une personne calme qui tout à coup explose. Il développe 5
fois plus d’adrénaline que les autres. Il passe sa vie à surfer sur une mer
déchaînée avec des creux de 10
mètres
alors que les autres sont sur des mers très
calmes.
Cela
ressemble à l’hyperactivité. Y a t’il des similitudes ?
Un hyperactif
est en état d’excitation du matin au soir, c’est une flèche dans la maison
alors que l’hyperémotif explose en fonction d’une émotion et d’un événement
qu’il ne sait pas gérer. Il peut être très calme et d’un coup exploser, c’est
réactionnel à un trop plein d’émotion. Contrairement à l’hyperactivité,
l’hyperémotif n’est pas « malade », il a un tempérament
« différent ».
Existe-t-il plusieurs formes d’hyperémotivité ?
Génétiquement,
on trouve deux formes d’hyperémotivité : la forme intériorisée et la forme
extériorisée.
La
forme intériorisée :
Ces
sont les hyperémotifs qui intériorisent toutes leurs émotions. On peut croire
que ce sont des gens fragiles ou très durs car ils n’expriment rien. Dans
certains cas, ces personnes peuvent passer par des somatisations : mal au
ventre, malaise vagal, syncope…
La
forme extériorisée :
Les
émotions sortent dans tous les sens. Crise de colère et violence regrettées 3
secondes après, la personne n’arrive pas à se contrôler (le cas de notre
garçon).
Peut-on
réussir à gérer son hyperémotivité ?
On
peut apprendre à désamorcer une émotion négative car c’est elle qui détruit la
personnalité. Beaucoup d’artistes, de sportifs ont appris à gérer leur
émotivité pour faire des choses géniales. C’est grâce à elle qu’ils parviennent
à faire de telles performances. Pour apprendre à gérer ses émotions, ça passe
déjà par l’acceptation de son tempérament instable. Quand on sait pourquoi on
réagit de manière démesurée, il faut apprendre à mieux amortir les émotions
négatives. Revenir dans le passé, dénouer les nœuds peut-être utile.
L’événement n’est pas important, ce sont les émotions que l’on a mises autour.
Il faut changer les émotions et non les événements.
Peut-on
devenir hyperémotif ?
On
peut le devenir suite à un traumatisme. C’est le stress post-traumatique. Une
porte claque, la personne fait un bond d’un mètre. C’est une forme
« acquise » d’hyperémotivité (quoique notre garçon sursautait au
moindre bruit dès la maternité).
Quel
type de thérapie pratiquez-vous avec les enfants hyperémotifs ?
Je
pratique ce que l’on appelle des « re-médiations cognitives ». Je
réunis plusieurs enfants hyperémotifs. Je les place dans une situation qui va
activer leurs émotions. J’analyse leur comportement. Ensuite on en parle et
j’essaye de les aider à trouver eux-mêmes des solutions. Je leur donne des
astuces pour essayer de se maîtriser, notamment par la relaxation. A la fin
seulement, les mamans nous rejoignent et ensemble, nous essayons de mieux
comprendre la mécanique des ces crises. Je donne aussi des conseils aux parents
qui sont souvent totalement épuisés et désabusés. En cas de crise émotionnelle,
il ne faut surtout pas crier ou surenchérir . L’enfant pendant ce pic ne se
maîtrise plus. Avec le temps, l’enfant prend conscience de son émotivité et
apprend à la gérer. Bien canalisés, cela donne de petits génies car ils
utilisent leur hyperémotivité pour construire.
La
vie d’un hyperémotif est beaucoup plus riche car il perçoit ce que les autres
ne voient pas. Il faut simplement du temps pour s’accepter.
ETES-VOUS HYPEREMOTIF ?
Voici
deux liens vers des sites, parlant de cet état et donnant des clefs pour
comprendre ce que ressent un émotif et pour savoir si on en fait partie. Il
faut garder en mémoire que c’est un état et pas une tare ou une maladie, comme
il est dit plus haut. Ce savoir hyperémotif ou reconnaître des signes
d’hyperémotivité chez son enfant peut aider beaucoup. Cela m’a beaucoup aidé à
le comprendre et à entreprendre des recherches de trucs et astuces pour établir
une communication et lui apprendre à gérer ses émotions. Cela va mieux
aujourd’hui, certainement parce que je ne me culpabilise plus, et surtout, je
ne rejette ni ne culpabilise mon enfant. Il me semble plus heureux et serein,
sur de notre amour et de notre soutien et ce résultat est déjà une victoire.
Vous
pouvez consulter les pages sur :
http://psychodoc.free.fr/tp9.htm
BIBLIOGRAPHIE
De
François Lelord et Christophe André aux Editions Odile Jacob.
- L’intelligence émotionnelle
De
Daniel Goleman aux Editions J’ai Lu
- Au cœur des émotions de l’enfant
D’Isabelle
Filliozat aux Editions Marabout
- Ces gens qui ont peur d’avoir peur
De
Elaine N Aron au Editions Le Jour Editeur
De Claude
Steiner aux Editions Interéditions
- Les passions ordinaires :
anthropologie des émotions
De
David le Breton aux Editions Armand Colin.